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19 juin 2006

Kaamelott : le Moyen Âge déménage !

S'il est une série dont il faut que je parle, c'est l'inévitable Kaamelott d'Alexandre Astier. Où un Arthur dépressif côtoie un Merlin incompétent, un Lancelot pédant, un Perceval débile et une Guenièvre cru-cruche...

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-La fine équipe-

La légende

La série Kaamelott repose sur le mythe arthurien. On ne sait pas grand chose sur le vrai roi Arthur, c'est pourquoi je vais essayer d'apporter mes lumières...

Le nom d'Arthur lui-même viendrait de la racine celtique Arz signifiant « ours », symbole de force, de stabilité et de protection, caractères bien présents dans sa légende : c'était un homme réputé fort, posé, et en tant que roi, garant de la sécurité de ses sujets. Dans la civilisation celtique, l'ours est avant tout l'animal emblématique de la royauté. On le trouve aussi sous les graphies suivantes : Arzur, Arthus ou Artus.

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-Hommage (de Ban et Bohort) à Arthur, enluminure du XIVème siècle-

La plupart des historiens et spécialistes de cette mythologie situent ce personnage à la fin du VIème siècle. Une thèse intéressante en ferait un grand propriétaire terrien romanisé ayant constitué, comme c'était alors courant, sa propre troupe de buccelaires (mercenaires à la solde d'un grand et payés en nourriture d'où leur nom [buccelus = biscuit]) et ayant prêté main-forte aux rois brittons contre les Saxons. En effet, la chronique de Nennius (IXème siècle) le désigne comme un dux bellorum (chef de guerre) combattant "avec les rois bretons".

Il faut noter enfin que ce nom pouvait être courant à l'époque celtique et aurait pu désigner plusieurs chefs, dont les vies auraient servi à constituer celle du personnage mythologique. Le patronyme Arthur pourrait alors correspondre à un statut de chef de guerre pouvant être porté par divers personnages en même temps.

Le mythe

Le mythe arthurien apparait pour la première fois dans la littérature galloise, mais son occurence la plus évidente est dans  l'Historia Brittonum attribuée au moine gallois Nennius, qui aurait écrit cette Histoire galloise vers 830. Le roi Arthur est décrit comme un « chef de guerre » plutôt que comme un roi.

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La mythologie arthurienne ne s'ancre réellement qu'à partir du 12ème siècle. En 1133, Geoffroy de Monmouth écrivit son Historia Regum Britanniæ. Ce livre fut l'équivalent d'un best seller médiéval. Il fut bientôt rejoint par les auteurs français tels que Marie de France (dans ses Lais) ou Chrétien de Troyes (Le Conte du Graäl, Yvain ou le chevalier au lion, Lancelot ou le chevalier à la charette...) De nos jours, je ne saurais que vous conseiller plus que vivement la lecture de L'enchanteur, de Barjavel... (<= image, à gauche) ou le film excellentissime Sacré Graäl des Monty Pythons. (image en dessous.)

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Pour les plus jeunes, la littérature de jeunesse est riche de cette mythologie. N'hésitez surtout pas à lire la série de livres Arthur, de Kevin Crossley-Holland (où les croisades se mèlent aux légendes arthuriennes) ou Le chevalier sans nom, de Christian de Montella (une série de livres sur les chevaliers de la table ronde : le premier tome reposant sur le personnage de Lancelot...)

Je ne vous ferai pas l'affront de raconter la légende arthurienne : vous connaissez le topo... Excalibur, confiée par Viviane, la Dame du Lac au jeune Arthur ; Merlin l'Enchanteur ; Morgane, la sorcière ; Lancelot du Lac, chevalier noble, épris de la reine Guenièvre ; Perceval, chevalier au courage incommensurable ; Gauvain, neuveu du roi ou Galahad, le coeur pur, seul être au monde qui touchera le Graäl...

Kaamelott, une série qui dépote

Alexandre Astier est la personne à l'origine de la série. Musicien classique de formation, il est le seul de sa famille à ne pas avoir choisi la carrière d'acteur. Et pourtant, le destin vient toujours à nous rattraper... En 2003, il réalise un court métrage nommé Dies Irae qui remporte le prix du public du festival Off-Courts. Fort de ce succès, Astier décide de réaliser des épisodes pilotes. La série prend alors son titre définitif (provenant d'une des nombreuses écritures du royaume arthurien à laquelle Astier a ajouté un "t" final.)

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-La fameuse Table Ronde-

Lancée depuis le 5 Janvier 2005, cette série qui avait la lourde tâche de succéder à Caméra Café, devient un véritbale phénomène réunissant chaque soir pratiquement 5 millions de télespectateurs. M6 annonce alors une commande de 600 épisodes (soit avec les 100 épisodes de la première saison : 7 saisons en tout.), à raison de 200 épisodes tournés par an auxquels s'ajouteront 2 épisodes spéciaux de 52 minutes qui seront diffusés en prime-time en 2007. Astier a annoncé également qu'à la fin des 7 saisons, une trilogie de longs métrages serait alors tournée, ayant pour sujet la quête du Graäl.

Les personnages

Quoi de plus normal que de vous présenter les personnages clés de la série ? Allons-y... ^^

Arthur, roi des Bretons (Alexandre Astier.)

330gpint_alexandre_astier3Arthur est donc ici le personnage central. Cette remarque trouve toute son importance quand on se rend compte que dans les contes arthuriens, le roi n'a en fin de compte qu'une place très secondaire, par rapport à ses chevaliers. On le voit souvent vieilli et sage, siégeant à la Table Ronde. Kaamelott nous permet ainsi de redécouvrir ce personnage somme toute assez mystérieux... Dépressif, entouré d'incapables, incompris dans sa recherche du Graäl et de la gloire éternelle, Arthur nous apparait sous un nouvel angle...

alexandre_astier1Abandonné par une mère intransigeante, élevé par un fermier, puis par les romains, Arthur est avant toute chose un Dux Bellorum, un chef de guerre. Son but ultime est de réunir les tribus bretonnes en une seule et même patrie. C'est la Dame du Lac qui aura le pouvoir de l'aider (lui qui est seul à avoir la capacité physique de la voir) lorsqu'elle lui proposera de partir en quête du Graäl, la coupe sacrée qui aurait recueilli le sang du Christ. A mi-chemin entre la religion chrétienne naissante et les cultes païens, Arthur est ainsi représenté déchiré entre les volontés de chacun (des moines comme des enchanteurs, des romains comme des chefs de clans bretons, du passé comme du présent.)

Alexandre Astier nous en fait surtout un personnage profondément humain et moderne, attachant grace à ses faiblesses autant qu'à ses doutes. Il n'en reste pas moins qu'Astier ne nous en fait pas non plus un portrait tout blanc, préférant un réalisme historique qui n'en est pas moins agréable (je pense au fait qu'Arthur a épousé Guenièvre par devoir et non par amour, ce qui induit quelques problèmes...)

Léodagan et Séli, roi et reine de Carmélide (Lionnel Astier et Joëlle Sévilla.)

leodagan_gdLe véritable génie d'Astier repose grandement sur cette idée : l'histoire n'est jamais loin du présent. Quoi de plus parlant au public d'aujourd'hui que d'introduire les beaux-parents du roi ? (sachant que le personnage de Séli est l'un des seuls inventés de toute pièces.) Léodagan, roi de Carmélide est le père de la reine Guenièvre et du chevalier Yvain (dit, le chevalier au lion... Certains textes font aussi mention d'un autre Yvain qui, lui, serait un fils bâtard.) Léodagan représente les chefs de clan bretons encore réticents quant à l'invasion romaine et la réunification de la Bretagne. Il est une image du passé, ne voulant se résoudre à obéïr à son beau-fils qu'il trouve timoré. Lionnel Astier et Joëlle Sévilla sont, pour l'anecdote, les parents d'Alexandre.

Guenièvre, reine des Bretons (Anne Girouard.)

4Guenièvre est très certainement l'un des personnages les plus transformés par la série. Mariée de bonne heure à Arthur, la pauvre Guenièvre ne connait pas l'amour. genievre_gd1Véritable "Madame Bovary" du Moyen Âge, elle se complait dans son rôle de reine protectrice du roi. Elle a un idéal du mariage qui reste hélas très éloigné du sien (Arthur passant la plupart de son temps en compagnie de ses maîtresses.) Naïve, enfant, Guenièvre est un personnage d'une grande pureté, et d'ailleurs c'est l'une des idées les plus brillantes d'Astier. En effet, nul n'est censé ignorer que Guenièvre est l'unique amour de Lancelot, le chevalier au coeur noble. Dans sa recherche de la pureté, Lancelot ne pouvait que s'éprendre d'une femme pure de corps et d'esprit.

Lancelot du Lac (Thomas Cousseau.)

lancelot_gdLancelot est très certainement l'un de mes personnages favoris (non pas seulement dans la série, mais dans toute la mythologie arthurienne.) Fils du feu roi Ban de Bénoïc, il a été recueilli et élevé par Viviane, la Dame du Lac dont il porte les armoiries. Lancelot apparait comme le bras droit d'Arthur. Chevalier à la destinée noble, il est déchiré entre son voeu de noblesse (d'âme et de coeur) et son amour pour la reine (ce qui aurait des conséquences gravissimes pour la Bretagne et sa réunification.) A l'image d'Arthur, Lancelot lui-même est un personnage partagé, divisé. Ce choix est très symbolique puisque nous nous situons à une époque "frontière" où le monde moderne côtoie le monde ancien? Rien n'est encore déterminé, définitif...

Perceval le Gallois (Franck Pitiot.)

kaa05Perceval est très certainement l'un des personnages les plus emblématiques de la légende arthurienne. C'est Chrétien de Troyes qui lui donne ses lettres de noblesse en construisant définitivement son personnage dans Le Conte du Graäl. percevalPerceval est un personnage d'une très grande pureté. Elevé par sa mère loin du tumulte des batailles, Perceval se caractérise principalement par sa naïveté et son ardeur au combat. Astier dans Kaamelott nous en fait LA révélation de la série. Simple d'esprit, Perceval semble le préféré d'Arthur (qui hésite entre agacement et attendrissement à chaque fois qu'il se trouve en sa compagnie.) Viviane a annoncé au roi la grande destinée de son chevalier (en effet, il sera donné deux fois au gallois d'approcher le Graäl.)

On peut voir également les personnages de Karadoc, chevalier de Vannes (ici, fin gourmet ne s'intéressant qu'à la nourriture...), Bohort de Gaumes (chevalier se caractérisant par sa grande couardise... On l'a longtemps cru homosexuel refoulé, jusqu'à ce que les télespectateurs découvrent lors de la troisième saison sa femme, incarnée par la présentatrice télévisée Virginie Efira.), Merlin l'enchanteur (totalement incompétent et bêtifié...)

Mon avis

Cette série (dont la saison 2 vient tout juste d'arriver dans les kiosques) est à voir de toute urgence. Humour corrosif, où le passé a un petit goût de quotidien, cette série savoureuse se laisse déguster sans compter. Série d'une grande qualité, qui n'a franchement rien à envier aux américaines et dont le format (3min30 environ par épisode) non rébarbatif nous donne envie d'en voir toujours plus, Kaamelott se laisse savourer sans faim... ^^

Je laisse un épisode afin de vous mettre en appétit... (merci à tomoé dont l'essaimage sur YouTube permet aux étourdis de rattraper leur retard... ^^) Voici deux épisodes du Livre II (saison 2) : "Les exploités" et "Séli et les rongeurs"

Basileus.

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Commentaires
B
Je vous embrasse toutes les deux, les fi-filles. Merci à toi, Céline pour les Monty (je sais que tu le sais, mais quand on aime, on ne compte pas !! XD)
C
Je rejoins Luuna pour te remercier. ton commentaire est pertinent, précis, toujours aussi bien écrit et brillant. les photos magnifiques! <br /> <br /> cette série permet de lutter contre la morosité! il y a de l'humour, du sens et de la poésie (l'épisode avec les marionnettes est superbe).<br /> <br /> encore que du bonheur!
L
Merci Basileus pour ce petit "topo" sur la légende d'Arthur et de ses chevaliers. Je suis très heureuse que tu cites "L'Enchanteur" de Barajavel car en plus de nous donner une version nouvelle du mythe arthurien cette oeuvre est un trésor de poésie. J'en ai fait mon livre de chevet depuis de nombreuses années...<br /> Quant à Kaamelott, son humour est digne des Nuls...
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