"Let's talk about..." Remember.
Vous allez me détester à force de me lire sans cesse exposer ma vie ! >.< Mais comme j'ai l'impression que cette rubrique est assez lue, ça me donne envie de m'"épancher" (et désolée pour tous ceux qui préféreraient que je sois un peu moins bavarde... ^^')
Aujourd'hui, j'ai envie de parler du devoir de mémoire...
Souvent, je donne dans l'humour, souvent, je donne dans la légèreté mais parfois il est besoin de dureté, il est besoin de lourdeur... Avec mes 3èmes, à la rentrée, j'ai décidé d'étudier le livre de Wladislaw Szpilman Le Pianiste. Ce livre, d'où le film de Polanski a été tiré est l'autobiographie du pianiste Szpilman, surnommé après la guerre le "Robinson de Varsovie". Survivant du fameux guetto, l'auteur a écrit ce témoignage poignant afin que l'on se souvienne. Le film est magnifique et je vous conseille fermement de le voir...
Aujourd'hui, j'ai découvert un autre livre sur la seconde guerre mondiale, un autre écrit magnifique que je me suis promis d'étudier avec mes prochains 3èmes : Sobibor, de Jean Molla. D'une façon plus originale, ce livre met en parallèle deux parcours : celui d'une jeune fille anorexique et celui d'un jeune français collaborateur pendant la seconde guerre mondiale. Emma découvre dans les affaires de sa grand-mère récemment décédée le journal d'un français ayant travaillé au tristement célèbre camp d'extermination Sobibor. Et tandis que la maladie la ronge de l'intérieur, qu'elle refoule les aliments comme son désir de vivre, elle lit les commentaires froids de cet homme qui voit passer devant lui tant de vies comme autant de chiffres à rapporter à l'administration nazie.
Ce livre est d'une extrême puissace et je ne peux que le recommander très vivement, de par son témoignage intelligent sur les camps d'extermination ainsi que par la documentation fournie qu'il donne sur l'anorexie... Je parlais de tout cela à ma mère tout à l'heure et je voyais dans ses yeux l'incompréhension totale. "Encore et encore ce thème des holocaustes" Cette phrase, j'ai l'impression qu'on nous la ressert de plus en plus souvent en ce moment. Je ne dis pas que cela n'est pas mérité. Dans le devoir de mémoire, oublier que dans les camps d'extermination, il n'y avait pas seulement des juifs mais également des homosexuels, des gitans, des malades mentaux, etc. serait une grave erreur (et c'est ce que je reproche à certains.) Je comprends ma mère lorsqu'elle me dit que pour ne pas oublier l'holocauste de la Seconde Guerre mondiale, on oublie trop facilement ceux des Khmers rouges, ceux du Darfour, etc. Ce que je me dis également, c'est que pour certains de mes élèves, il est vrai que tout cela aura l'air d'un rabachage, quelque chose dit pour la énième fois... Mais pour ceux qui dans le fond de ma classe me regardent avec un air de poisson mort, ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils font ici : si j'ai la moindre chance de les toucher, de leur apprendre quelque chose, de remuer quelque chose en eux, au plus profond de leurs tripes molles, alors je pourrais me dire que j'aurais réussi quelque chose.
Pourquoi se souvenir est-il un devoir ? Parce que pour la première fois de l'Humanité, sur le plan mondial, des gens ont été tués pour ce qu'ils étaient. Non pour une raison politique, de conviction religieuse etc. Pour une raison de race : génétiquement, certaines personnes étaient devenues coupables de vivre, coupables d'être nées et coupables d'exister. Pendant des années, les gens se sont voilés la face : ne l'oublions pas, à la fin de la guerre, au lieu de se rendre compte de la gravité de la situation, certaines personnes ont accusé les juifs d'être à l'origine de la Seconde Guerre Mondiale. L'horreur des camps, l'horreur de la mort, du gaz et des crémations, cette horreur-là ne doit en aucun cas disparaître de nos esprits. L'oublier, c'est devenir coupables, l'oublier c'est oublier qu'un jour peut-être on pourrait se retrouver à la place de ces gens qui n'avaient rien fait d'autre que de naître.
Alors non, je ne pense pas que le rabachage soit une mauvaise chose, je ne pense pas qu'on a trop entendu parler des camps, de tous les malheurs qui sont arrivés à cette période. Lorsque je vois qu'au Japon l'on glorifie les kamikazes comme des dieux, qu'en Russie les nazis s'affichent avec fierté, je me dis que ce devoir de mémoire se doit d'être honoré encore et encore.
-Parce qu'il ne faut pas oublier.-
Basileus.