Le code du shônen au travers de "Bleach", manga à succès.

J'ai regardé récemment mes articles dans "Manga-mania" et je me suis rendue compte que je m'étais faite le chantre des shojôs (manga pour jeunes filles) or, je me rends bien compte que mon lectorat (que je remercie humblement... u_u) est également masculin... C'est pour cela qu'il me fallait équilibrer les forces, et pour ce faire, je parlerai des codes stricts du shônen vus à travers d'un manga que j'adore tout particulièrement : Bleach, de Tite Kubo.

Résumé :

Ichigo Kurosaki est un lycéen tout ce qu'il y a de normal : chevelure rousse, en bataille, bagarreur, grognon... Personne ne lui résiste et surtout pas les petites frappes qui s'en prennent à des offrandes faites aux morts ! Parce qu'en plus d'être ce qu'il est, Ichigo entretient, malgré lui, des relations avec... des fantômes ! Mais Ichigo n'est pas le seul original de sa famille : entre son père déjanté qui le salue avec des prises de catch, sa petite soeur Yuzu qui joue à la maman et son autre soeur Karin qui voit tout comme lui des fantômes mais qui n'y croit pas...

Et tout continuerait dans le meilleur des mondes si une shinigami répondant au nom de Rukia Kuchiki n'avait pas débarqué dans la chambre d'Ichigo ! Mais qu'est-ce qu'un shinigami, dites-vous ? C'est une divinité de la mort combattant ceux qu'on appelle les hollows (fantômes maléfiques dévorant les âmes.) Et c'est pour cela que Rukia se trouve dans la chambre d'Ichigo... Un hollow vient tout juste de s'introduire dans la maison des Kurosaki ! La famille d'Ichigo est en grand danger !

Tandis que Rukia se précipite au secours de la famille d'Ichigo, le jeune garçon se précipite à sa suite... En tentant de l'aider, il gêne la shinigami qui se retrouve gravement blessée par le hollow : dès lors, plus qu'une seule solution : Ichigo doit prendre les pouvoirs de Rukia afin de vaincre le monstre !

A la grande surprise de Rukia, alors qu'elle pensait ne lui donner qu'une infime partie de ses pouvoirs, Ichigo les absorbe tous ! Devenu shinigami lui-même, Ichigo se sert d'un Zanpakuto (un sabre de Shinigami dont la longueur est proportionnelle à la puissance de son possesseur) d'une largeur monumentale ! Rukia se rend alors compte que l'âme que le hollow était venu chercher est celle d'Ichigo qui est d'une puissance phénoménale !

Les codes du shônen :

Avant toute chose, si jamais des novices en manga me lisent, je rappelle que dans les manga, tout comme en littérature ou en musique, des codes stricts définissent des genres bien précis. Il existe plusieurs grandes catégories de manga :

Les shojôs (manga pour jeunes filles) - les shônen (manga pour jeunes garçons) - les seinen (manga pour adolescents et jeunes adultes) - les hentai (manga pornographiques) - les ecchi (manga érotiques) - les yaoi (manga gays entre garçons) - les yuri (manga gays entre femmes)

Le shônen est le manga qui remporte le plus de succès, que ce soit au Japon ou que ce soit en France. Ses codes sont stricts et très faciles à reconnaître : je vous propose un petit tour d'horizon de ces codes grâce à Bleach, mais également à d'autres shônen... ^^

Un héros charismatique

Le héros de shônen est la base fondamentale de l'oeuve, il est le ciment grace auquel les lecteurs accrocheront ou non au manga. Selon les codes du shônen, ce héros est quelqu'un de naturellement très puissant (il porte en lui une force spectaculaire et brute. ex : Naruto porte en lui la puissance d'un démon renard, Sangoku dans Dragonball ou Luffy dans One Piece dont le pouvoir est en partie conféré par un fruit du démon...) Le héros a pour but de permettre au jeune lectorat de s'identifier plus facilement :

il est donc très jeune (entre 10 ans pour Naruto et 15/16 ans pour Ichigo ou pour Conan de Détective Conan), fait preuve d'une grande naïveté (Naruto, Luffy, Yusuke Urameshi dans Yu Yu Hakusho) et se retrouve très souvent marginalisé (Onizuka dans Young GTO est un Yankee, Naruto est repoussé par les habitants de son village, Ichigo se fait tabasser à cause de la couleur de ses cheveux.)

Ce qui fait la différence ici est le caractère d'Ichigo : plutôt solitaire, il est bourru, affiche la plupart du temps un visage fermé. Ichigo ne recherche pas le contact ou l'amitié des autres, ce sont les autres qui s'attachent d'eux-mêmes à lui (ce qui n'est pas sans le déranger...)

La volonté du héros.

En tant qu'oeuvre pour jeune garçon, le shônen se veut stimulant, exemplaire. Le héros doit avoir la volonté de toujours se dépasser, de sans cesse aller plus loin, plus fort, de combattre des adversaires sans cesse plus puissants (il suffit de constater la longueur de séries comme Dragonball, 42 volumes - Naruto, 26 volumes en France - YugiOh, 36 volumes) L'originalité dans Bleach repose sur le fait qu'Ichigo n'a pas de lui-même la volonté de progresser et de devenir plus fort. Ce sont les circonstances qui l'entraînent à progressersans cesse. Là où ce manga se révèle d'une grande qualité c'est de par sa maturité (Ichigo a non pas la volonté de se battre et de devenir plus fort, il a la volonté et le désir de protéger ses proches : ses amis tout comme sa famille.)

Les amis du héros.

Si je parle des amis du héros de shônen, c'est qu'ils sont une dynamique très importante du manga. Se liant d'amitié au fur et à mesure, ces amis sont quelque chose d'essentiel au héros. Ce qui l'aidera à vaincre les ennemis les plus terribles ne sera jamais sa grande puissance ou son talent, mais l'amitié qui le lie à d'autres personnes. Je rappelle également que pour la Japon cette notion de groupe est fondamentale : le groupe prime toujours sur la personne (c'est moins vrai aujourd'hui...) et le shônen reprend cette notion... Jamais aussi puissants que le héros, ses amis sont là pour l'encourager, être présents derrière lui.

Il y aura par contre toujours une exception à cette règle : le personnage que je nommerai "ami/ennemi" (Végéta dans Dragonball, Ren dans Shaman King, Sasuke dans Naruto) Au début de l'histoire, ce personnage apparait comme un ennemi redoutable, le premier véritable obstacle pour le héros, une sorte de double du miroir... Bien que l'"ami/ennemi" se joigne peu à peu au groupe d'amis, le lecteur ne reste jamais véritablement sûr et certain qu'il soit totalement devenu ami avec le héros.

Pour Bleach, ce personnage sera incarné par Ishida, maître Quincy (archer mortel fervent ennemi des shinigami dans le combat contre les hollows.) Ce qui est intéressant là dedans, c'est que Ishida se retrouve souvent ridiculisé. (il a une passion assez surprenante pour.... la couture...^^') Tite Kubo n'hésite pas à insérer une bonne dose d'humour.

Les shônen et le sexe.

Ce titre est tout particulièrement intéressant. La relation entre les shônen et le sexe est totalement paradoxale... Je m'explique : les shônen hésiteront toujours en un débordement d'érotisme et une absence totale de relation amoureuse. D'un côté, nous avons des oeuvres telles que GTO (où le héros, puceau est obsédé par la perte de sa virginité) ou Tenjô Tenge ("Enfer et Paradis" où les poitrines sont plus que volumineuses) où le thème du sexe prédomine et des oeuvres telles que Captain Tsubasa ("Olive et Tom") où le héros ne fera jamais un geste envers l'héroïne.

Bleach se situe très intelligemment à la frontière entre ces deux genres : Orihime Inoue, à la poitrine généreuse, est amoureuse d'Ichigo (qui, bien évidemment ne voit rien.) On présume souvent que Rukia est également attirée par Ichigo, mais rien n'est explicite, tout reste dans l'implicite. De plus, les codes du shônen sont détournés (au lieu d'une héroïne timide et génée par les choses du sexe, c'est Ichigo lui-même qui se retrouve géné devant la nudité d'une fille, ou Ishida qui a peur de se déshabiller devant Orihime. Au lieu d'instrumentaliser la femme comme symbole d'amour (Saint Seiya, "Les Chevaliers du Zodiaque"), Kubo l'enrichit pour en faire un symbole de puissance, de protection.

Les ennemis.

Comme je l'ai dit au-dessus, le héros est en perpétuelle évolution et en perpétuelle progression. C'est pour cela que le héros se trouve confronté à différents ennemis, toujours plus puissants. Combattant tout d'abord des hollows, Ichigo se retrouve rapidement confronté à un ennemi de taille : le Soul Society. Rukia en prêtant ses pouvoirs à Ichigo se retrouve obligée de rester sur Terre, chose normalement interdite aux shinigamis. Et ce qui devait arriver arrive : des shinigamis descendent sur Terre afin d'appréhender Rukia et de la ramener au Soul Society, contrée des shinigamis. Ichigo, gravement blessé en tentant de la protéger décide de la rejoindre là-bas et de la sauver.

La période du Soul Society n'est pas sans rappeler le Sanctuaire dans Saint Seiya. Les ennemis, défenseurs des lois et d'une tradition millénaire se retrouvent confrontés à l'insertion de la modernité et de la volonté farouche de vaincre. Et je ne parle ici que des ennemis visibles ! Car la puissance de Bleach résidera également dans le fait que le personnage devra se combattre lui-même (ce qui sera le plus sanglant de tous les combats.)

Le coup de pouce mystérieux.

Bon, il faut l'avouer, pour réussir, le tout n'est pas d'être fort, motivé ou bien entouré... Parfois, pour progresser, il faut également avoir de bonnes relations. Pour rebouster leur shônen, les mangaka n'hésitent pas à faire intervenir un personnage (qui garde la plupart du temps une part de mystère, mais qui fait preuve d'une puissance inégalée.) Ce personnage que je nommerai "ressource" se révèle bientôt une sorte de mentor pour le héros, le poussant jusqu'au bout de ses limites, lui faisant découvrir ses pouvoirs, son potentiel. C'est Jiraya dans Naruto, c'est le maître de Kenshin dans Kenshin...

Etant d'un certain âge, cette personne garde un grand recul par rapport à la vie en général, et par rapport à lui-même. Les mangaka peuvent tourjours se permettre de laisser autour de lui une bonne dose d'humour. Dans Bleach, c'est Urahara, "le mec aux getas et au bob", ainsi que le surnomme Ichigo, qui fait office de mentor. Homme au passé mystérieux, d'une grande puissance mais également d'un zen incroyable, Urahara est celui qui va permettre à Ichigo de progresser afin d'être capable de se rendre au Soul Society.

Mon avis concernant Bleach.

Manga shônen, Bleach est réellement un manga à succès. Tite Kubo fait montre de sa grande maîtrise des codes surranés du shônen, les détourne avec talent et use d'un humour incroyable. Il est l'un des manga incontournables de notre époque, si vous ne le connaissez pas, jetez-vous dessus rapidement. Pour moi, il fait définitivement partie de mon panthéon mangaphile... ^^

Merci aux sites : Bleach-Sp, Bleach-Trad et Bleach-Web.

Basileus.

Comments

[moderngirl]

Le premier shonen que j'ai découvert (je laisse de côté la période Dorothée avec DragonBall et l'excellent City Hunter qui était outrageusement censuré vu que les programmateurs n'avaient que faire de ces fameux codes qui caractérisent les lectorats des mangas) a été Rurouni Kenshin. A partir de là, dès que je vois des combats de sabre, je deviens hystérique^^(non j'abuse un peu là)
Enfin tout ça pour dire que j'adore Bleach, que j'adore la touche d'humour que l'auteur insère aux moments les plus dramatiques pour nous laisser souffler (tout comme dans Keshin^^). Les persos de Bleach sont des persos haut en couleur surtout les femmes comme tu l'as dit qui ne sont pas des nunuches pour une fois ! Je trouve ce manga passionnant, j'ai été très déçue de la période bounto de l'anime qui m'a presque donné envie d'arrêter mais j'ai tenu le coup^^ Et c'est un régal de retrouver chaque semaine un nouvelépisode de Beach^^ j'aime bcp Ichigo, c'est un perso qui me touche avec ses doutes, sa peur de lui-même, son désir de protéger ses amis (comme Kenshin! normal ce sont les ingrédients indisensables d'un bon shonen ! faudrait que je fasse u n article là dessus)
Donc voilà un manga génial, avec de l'humour, de l'action, un peu de romance sous-entendue...

[Basileus]

>>> Little Pirate : Je reconnais bien là tes goûts sûrs ! :-D

>>> Cama : Je suis entièrement d'accord avec toi !

>>> soramaster : Oui ! Je n'ai pas mentionné le nom de "nekketsu", mais c'est exactement de cela que je voulais parler ! Et oui, je m'y connais assez là dedans (j'en ai bouffé, des Saint-Seiya et autres Olive et Tom !!! XD)

>>> luuna : Je suis contente de te voir, poupoule ! Par contre, je suis intimement convaincue que "Fullmetal Alchemist n'est pas vraiment un shônen comme on les connait normalement... Peut-être écrirai-je un de ces quatre un article dessus... ;-)

[Luuna]

Allez comprendre pourquoi,je ne m'intéresse qu'aux shojo en manga et aux shonen en anime ^o^...(totalement fan de full metal alchimie)

En tout cas merci beaucoup de tes explications, j'espère que tu nous analyseras encore beaucoup d'autres mangas. Avec toi, c'est toujours passionant...

Bises (en attendant des confessions plus intimes ^^)
Luuna

[soramaster]

Hello !
Déjà, bravo pour le blog très sympa et convivial... Je ne connais pas trop Bleach, mais je vais aller y jeter un oeil.
En plus ton analyse des codes du shônen est bonne et plutôt pas mal renseignée, notamment sur l'aspect "éternels sacrifiés" des comparses du héros. Pas mal du tout ! J'espère que tu auras de nombreux lecteurs pour continuer de convertir les fans de bd à la richesse des mangas.
N'cha !

[Cama]

Bleach c'est troooop bien !! Je l'ai vu quand anime par contre c'est peut être un peu différent ... ce que j'ai trouvé d'original c'est aussi le personnage de Rukia ... en fait c'est un mélange d'Anna de Shaman King et un peu Naru Narusegawa ... je sais pas, mais je la trouve vraiment exceptionnelle au sens qu'elle à ... quelque chose en plus !!
C'est peut être son "réalisme" qui me trouble ... le créateur de Bleach à dû saisir le comportement féminin sans en faire un extrême ... on est pas des Bulma ni des Shinobu !