Le divorce.
C'est dingue ce que les auteurs de blog peuvent être narcissiques ! Et je ne me mets absolument pas hors du lot, il n'empêche que je fais de mon mieux pour rendre ce site intéressant... Je raconte tout ça parce que je viens de faire un tour sur les blogs de mes anciens élèves et je suis toujours très étonnée par la nouvelle génération d'internautes...
Quelle est la raison obscure qui les pousse à écrire dans une langue la plus éloignée possible du français ? Quel intérêt trouvent-ils dans le fait d'écrire deux trois lignes d'une banalité affligeante (je cite : "Lache Tes cOm'sSs BisOus" ; "A quOi Tu PenseS ?¿?" ; "CeRtAiNs DiRoNt QuE Je Me La RaCoNtE, D'aUtReS qUe Je SuIs UnE sAloPe Ou UnE pUtE, BrEf MOI JE VouS EmMERdE lES RaGUEUx !" Je rappelle que ces élèves sont collégiens et que je cite au mot et à la couleur près ce que j'ai lu...) Nous voici donc entrés dans la génération "lache tes comm's"
Après cette introduction fleurie dont je ne savais en fait pas trop quoi faire, me voici pour parler de moi... Ben oui, ça fait une heure que je vous dit que les auteurs de blog sont narcissiques, il faut donc que je le prouve par la pratique ! :-D
En fait, je viens de regarder le film Les Berkman se séparent au titre français carrément ronflant par rapport au titre d'origine The Squid and the Whale ("l'Encornet et la Baleine") Comment ne pas être attirée d'ailleurs par un film dont la critique était si élogieuse ! (Meilleur réalisateur et Meilleur scénario au festival de Sundance : gage de qualité pour tout film indépendant...) Le film est tiré d'une histoire vraie, cela se ressent : les deux parents Bernard et Joan Berkman décident de se séparer après 17 ans de vie commune. Et cette séparation est douloureuse, non seulement pour eux, mais aussi pour leur deux enfants...
Et bien que le film était indéniablement d'une grande qualité, je me suis sentie extrêmement gênée. Pourquoi ? Très certainement parce qu'en tant qu'enfant de divorcés, mon expérience n'est peut-être pas si éloignée de la leur...
ça va avoir l'air très con de jouer comme ça aux apprentis Freud, mais parfois, il y a du bon de parler, juste parler de soi, comme ça, se dévider les entrailles, en somme...
Mes parents se sont séparés alors que j'avais 4 ans. Je n'ai aucun souvenir d'eux heureux l'un avec l'autre, mon plus vieux souvenir met en scène mon père s'énervant une fois de plus contre mon petit frère et le battant pour le faire taire (attention ! Je ne dis pas que mon père maltraitait mon frère !)Résumer mes premiers souvenirs reviendrait à revoir ma mère seule dans la cuisine, s'essuyant les yeux avec un mouchoir en papier... Tant qu'à faire, maman n'a pas fait les choses à moitié : nous avons quitté la banlieue parisienne pour nous installer au Mans. C'est à partir de ce moment que mon père (je ne peux plus me résoudre désormais à l'appeler "papa") est devenu pour mon frère et moi un véritable étranger (une visite par mois qui était devenue à nos yeux une véritable torture car il était tout à fait incapable de s'occuper correctement de deux enfants en bas âge.)
Avant de continuer, je tiens à préciser quelque chose à ceux qui auraient encore le courage de me lire à ce stade... ^^' Je ne fais nullement ma tirade "tire-larmes" !! Je ne me plains absolument pas de ma situation, jamais je n'ai été triste, dépressive ou quelque chose dans le genre, que ce soit bien clair ! Je veux juste parler un peu de moi... A l'époque, j'étais très jeune et j'ai très bien vécu la situation, justement parce que je pensais que c'était naturel et normal...
Mais quand je vois le film de Noah Baumbach, je revois certains flashes, certains souvenirs refont surface... C'est très étrange à expliquer, en réalité... Quand Jeff Daniels rejette tous ses torts sur Laura Linney, c'est mon propre père que je revois, à la sortie du cinéma, après avoir été regarder Merlin l'Enchanteur, tandis qu'il traitait devant nous notre mère de "sorcière", de "Madame Mime" (la méchante du film.)
Quand je vois le plus jeune des enfants tout faire pour ne surtout pas retourner chez son père, c'est moi que je revois, pleurant et suppliant ma mère de rester avec nous plutôt que de nous laisser à notre père...
Bref, The Squid and the Whale est très certainement un très bon film à voir, plein d'humour (ainsi que le disait la critique), mais dont l'humour se décante lorsque l'on a encore ancré bien en soi l'expérience du divorce... Je tiens à rajouter qu'aujourd'hui tout va bien pour moi, je vis heureuse avec ma maman et que le divorce, bien que très lent (c'était très loin d'un divorce à l'amiable, mon père a été condamné pour faute envers ma mère) s'est déroulé sans trop d'encombre.
Basileus.