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Dioscures
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19 juillet 2007

La leçon de piano, leçon(s) de vie.

Une fois n'est pas coutûme, j'ai aujourd'hui envie de parler d'un superbe film que je viens de revoir il y a quelques jours sur le satellite, je parle de La leçon de piano de Jane Campion, avec Holly Hunter et Harvey Keitel.

Piano93

Le résumé

the_pianoAu 19ème siècle, Ada, jeune veuve et mère d'une fille de neuf ans s'apprête à rejoindre son nouvel époux habitant en Nouvelle-Zélande. Muette depuis ses 6 ans, elle ne peut communiquer qu'avec sa fille par langage des signes, ainsi qu'à travers la musique. En effet, Ada est une pianiste exemplaire...

Mais jugeant le piano de sa femme trop difficile à transporter, son époux Alistair refuse de le faire porter jusque chez lui. Le piano reste seul sur la plage et est échangé par Alistair à son voisin George Baines en l'échange de terres. Baines est considéré comme un rustre par la population locale : illétré, vivant avec les maoris... Il n'en est pas moins tombé fou de désir pour Ada...

Il propose à Ada un sombre marché : il lui vendra le piano touche par touche à la condition expresse qu'elle exécute la moindre de ses requêtes...

Sélection officielle au Festival de Cannes

holly_hunter__Anna_PaquinRediffusé dernièrement à l'occasion de ce dernier Festival de Cannes, il est bon de rappeler que La Leçon de piano a été choisi en tant que Palme d'or du Festival en 1993.

Née le 30 Avril 1954 à Wellington, Nouvelle-Zéalnde, Jane Campion a avant toute chose reçu une formation d'anthropologue et se destinait à une carrière artistique, certes, mais dans le milieu de la peinture. En tout cas, c'est grâce à cela qu'elle parvient dans le monde du théâtre, puis de la réalisation. Elle est la première femme réalisatrice à avoir été récompensée par une palme d'or.

Où le silence s'oppose à la musique

Harvey_KeitelJe me propose à partir de maintenant de décortiquer un peu ce film qui m'a vraiment interpellée. La première fois que j'ai vu ce film, j'avais un peu plus d'une dizaine d'année, plus de dix ans après, je me suis retrouvée à chialer comme une gamine devant mon poste de télé.

Le thème principal du film repose sur la musique (c'est évident), mais Jane Campion réussit ce tour de force de l'opposer au silence. L'héroïne, Ada, est muette depuis toujours (alors que sa fille aime à dire aux gens qu'elles rencontrent que c'est depuis le deuil de son précédent mari...), sa seule façon de s'exprimer repose donc dans la musique. holy_hunterLe piano est donc la pierre d'angle du film. Tout commence par lui, échoué sur la plage de Nouvelle Zélande, et tout se termine par sa 'mort' (car je pense sincèrement que le piano est bien le personnage principal du film), lorsqu'il échoue au fond de l'océan.

Dualités

Le film débute par le silence de la mer, le bruit des vagues sur le sable et se termine par le silence du fond des mers. L'opposition est classique : le choix de la vie, de la parole, de l'action par rapport à la mort, l'arrêt de toute chose. L'opposition d'Ada la muette à Baines, le rustre, l'inculte ; l'opposition d'Ada refusant d'admettre ses sentiments naissants, taisant ce qu'elle ressent à Baines criant les siens.

le_on_de_pianoD'autres dualités sont mises en évidence, Ada ne se résolvant pas à ne pas comparer ses deux époux. L'ombre de son mari mort plane sur Ada. La vie vaut-elle encore le coup d'être vécue ? Ada est une rebelle, une marginale, et elle épouse le plus conventionnel des anglais, Alistair. Alors qu'elle savoure le fait de se démarquer des autres, qu'elle joue de son silence, il ne peut prendre de décision sans en avoir pesé chaque conséquence mercantile, sans avoir pris conseil auprès des femmes du village.

Georges Baines, pour sa part, est un rustre, lui aussi un marginal, vivant en société avec les maoris, ayant adopté leurs coutumes et leurs croyances. Alors que l'amour d'Alistair est calculé, celui de Baines, bien qu'indécent aux yeux d'Ada est simple, naturel. Quand Baines laisse partir Ada, s'étant rendu compte de l'ignominie de son marché, c'est Alistair qui prend la place du monstre, rongé par la jalousie, croyant prendre de droit ce qui lui est dû.

pianoUn amour pluriel

C'est également une leçon d'amour que nous donne Jane Campion à travers ce film. Toutes les formes d'amour et de liens y sont représentées autour du personnage d'Ada.

L'amour matériel de son piano, l'attachement à une vie résolue et à un avenir qui s'ouvre peu à peu ; l'amour filial pour sa fille : le cordon ombilical est ici renforcé par le fait que sa fille est la seule à comprendre le langage des signes qu'utilise Ada ; l'amour platonique et immatériel pour son ex-mari (ici, tout repose dans l'implicite, la référence à son époux est diffuse mais toujours présente à l'esprit de la jeune femme.) ; l'amour non satisfait d'Alistair, le nouvel époux, incapable de comprendre cette femme qu'il s'est approprié et enfin l'amour charnel, l'amour passion pour Georges.

Ada est souvent comparée à un animal, muette et incapable de s'exprimer, peut-être sans âme. C'est Georges qui apprend à l'apprivoiser, tandis qu'Alistair veut la résoudre à vivre sa vie.

En conclusion

Si vous trouvez ce film mémorable, savourez-le sans attendre. C'est l'une des bonnes découvertes du Festival de Cannes (car il faut l'avouer, depuis quelques temps, les récompenses de Cannes me semblent bien trop souvent imméritées.) La Leçon de piano repose indéniablement au panthéon des plus beaux films de l'histoire du cinéma... ;-)

Basileus.

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Commentaires
P
C'est surtout un film qu'on ne se lasse pas de voir et revoir. Entier, je suis particulièrement touchée par la musique... Quoi de plus normal, pour une leçon de piano !
B
Très bonne remarque, je te remercie, petite compote !
T
Ce film est en effet un chef-d'oeuvre du cinéma. <br /> Je suis d'accord avec ce que tu écris, et j'ajouterai qu'il s'agit aussi d'une découverte de la sensualité par Ada. <br /> Good choice !
Dioscures
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