Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dioscures
Archives
Derniers commentaires
25 août 2007

L'incroyable destin de Harold Crick.

Aujourd'hui n'est pas coutume, j'ai envie de vous parler d'un film sorti récemment en dvd. L'incroyable destin de Harold Crick se place dans la grande tradition de films déstabilisants tels que The Truman show, Dans la peau de John Malkovitch ou Un Jour sans fin. Et pour ne rien gâcher, un vrai cocktail d'acteurs formidables donnent à ce film une saveur incomparable...

Harold_Crick

Le résumé

Des_d_cors_stylis_sHarold Crick (Will Ferrel) est un être qui aurait très bien pu rester dans l'anonymat le plus complet jusqu'à la fin de ses jours : petit fonctionnaire du fisc, étonnamment doué en arithmétiques et enclin à des tocs tels que compter le nombre de passages de sa brosse sur ses dents... Et sa vie aurait pu rester tout aussi anodine si Harold ne s'était pas mis un beau jour à entendre... une voix de narratrice se mettant à commenter tout ce qu'il fait ! Et sa vie bien agencée devient soudainement un cauchemar... Mais le pire arrive au moment où la voix annonce qu'il va bientôt mourir !

Et Harold fait tout en son possible pour éviter une telle fin, il en vient même à faire appel au professeur d'université Jules Hilbert (Dustin Hoffman.) Il découvre que sa narratrice n'est autre que la romancière Karen Eiffel (Emma Thompson), écrivain tuant à chaque fois ses héros de roman. Il n'a plus qu'une seule solution : devenir un personnage de comédie (puisqu'ils ne sont pas destinés à mourir) et pour se faire, il doit tout faire pour que la jolie Ana Pascal (Maggie Gyllenhaal) tombe amoureuse de lui...

Transfigurer la réalité

La_craquante_Maggie_GyllenhaalZack Helm, le scénariste a truffé son scénario de petits clins d'oeils intéressants : les noms des personnages, par exemple, n'ont pas été choisis par hasard, puisque les noms de Crick, Pascal, Eiffel, Escher, Banneker et Kronecker se rapportent à des mathématiciens connus pour avoir élaboré des théories sur l'ordre interne des choses.

"De Pirandello à Bretch, Wilder, Stoppard, Woody Allen et Wes Anderson, on assiste à la progression d'une vague de littérature dramatique contemporaine consciente d'elle-même, qui déforme volontiers la réalité et implique le public. J'aime voir Homer Simpson interpeller son créateur Matt Groening... Pour L'incroyable destin de Harold Crick, j'invite le public à participer émotionnellement, non seulement à l'histoire en train de s'écrire, mais à la manière dont elle s'écrit." précise le scénariste. (Merci à Allociné.) Dustin_Hoffman_impropable_prof_de_fran_aisEt la notion de 'transfiguration' passe non seulement par le scénario, mais également par le choix stylistique de la photographie. En effet, les cadres du film ont été choisis avec soin, conférant au film une toute nouvelle dimension. Les couleurs, les lignes ont été choisies en rapport avec la vision que Harold porte au monde : des lignes épurées, des camaïeux de beige parfois coupés par des couleurs chaudes quand on change d'univers (la boulangerie de Ana, l'université...)

Le point de vue littéraire

Emma_Thompson_et_Queen_LatifahLa grande majorité du film repose sur sa littérarité : l'innovation repose sur le fait qu'un personnage se mette à entendre son narrateur. Tout repose sur la réplique d'Emma Thompson : 'Harold était loin de se douter...' (tout en annonçant sa mort imminente) Or, que se passe-t-il quand le personnage qui était censé 'être loin de se douter de sa mort imminente' vient de s'en rendre compte ?

L'intérêt repose également sur le point de vue de Dustin Hoffman en prof de lettres complètement barré (on voit notamment une scène illarante où Hoffman détermine le type de personnage qu'est censé être Harold Crick : 'vous n'êtes ni Tom Sawyer, ni Frankenstein, vous n'êtes pas rassuré ?') La réflexion littéraire des personnages par compte ne vole pas très haut car le film implique que la littérarité repose sur les fins tragiques : le roman de Karen Eiffel ne peut être une chef d'oeuvre qu'à la seule condition que son personnage principal meure (un vieux paradoxe confrontant tout simplement tragédie et comédie, narration de l'élite et du bas peuple...)

Le traitement de l'absurde

Hoffman_ma_tre_nageurComme je le disais en introduction, nous voilà confrontés à une nouvelle générations de films traitant et usant à merveille de l'absurde. Une photographie recherchée, une ambiance complètement décalée et hors du réel : le spectateur est poussé à bout par les scénaristes afin de sortir de son train-train quotidien. Les grands exemples nous viennent de réalisateurs de génie tels que Wes Anderson (La Famille Tennebaum, La Vie aquatique) ou Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich) qui nous ouvrent les portes d'univers fantasmagoriques. Quant à la réflexion ouverte au spectateur, le scénario n'est pas sans nous rappeler les meilleurs heures du tandem Michel Gondry-Charlie Kauffman (Eternal Sunshine of the spotless mind)

Bref, l'univers est loufoque (un employé du fisc génie des mathématiques, une boulangère tatouée et rebelle, une écrivain dépressive, un prof de lettres maître-nageur...) et savoureux, à la fin du film, un seul mot nous vient aux lèvres : 'encore !'

Le site officiel.

Basileus.

Publicité
Commentaires
Dioscures
Publicité
Dioscures
Publicité